RAPPORT MORAL 2023
Protéger les enfants, par l’accès au droit.
Entendre les enfants, parce que c’est leur droit.
Être l’espace où ils seront entendus.
Leur expliquer leurs droits.
C’est notre ADN. C’est ce qui définit Themis.
Nous avons la chance depuis plus de 30 ans de pouvoir exercer nos missions avec le soutien entier des collectivités territoriales et des représentants territoriaux de l’Etat. Nous avons la chance d’être dans un pays démocratique ou l’intérêt des enfants est érigé en principe fondamental présidant aux décisions les concernant.
De vivre en Europe avec des institutions fortes, des lois, règlements, conventions et textes internationaux protecteurs des enfants.
Et pourtant, le nombre d’enfants en danger que nous recevons, représentons, écoutons augmente de manière affolante chaque année.
Toujours plus d’enfants représentés en justice dans le cadre de nos mandats ad hoc pour avoir été victimes de violences, d’abus, de défaut de soins…
Les incertitudes géopolitiques, notre position centrale en Europe et l’inflation persistante contribuent à ce que sur notre territoire de nombreux enfants se retrouvent en situation de danger.
Dans certaines zones urbaines de notre territoire alsacien, plus de 20% de la population se situe sous le seuil de pauvreté
Toute l’année, notre équipe a accompagné des enfants et des jeunes parfois dormant dans la rue, avec des difficultés d’accès à la nourriture, à la vêture, certains non scolarisés, se retrouvant de fait exposés aux dangers de la rue et à la violence.
Plus que jamais, près de 80 ans après l’ordonnance du 2 février 1945 sur la justice pénale des mineurs et leur protection, 35 ans après l’adoption de la convention internationale des droits de l’enfants, les enfants et les jeunes ont besoin d’être protégés.
Plus que jamais, nos actions ont du sens.
Avec vous, nos partenaires de toujours : Ville de Strasbourg, Eurométropole, M2A, Préfectures du Haut Rhin et du Bas Rhin, Collectivité Européenne d’Alsace, les services de protection de l’enfance, la Protection Judicaire de la jeunesse, magistrats, avocats, Défenseur des Droits, Défenseur des Enfants.
Avec vous, nos nouveaux partenaires tels que la CPAM et tous les acteurs du secteur privé qui nous soutiennent et nous financent.
L’inflation législative et la tentation actuelle du « surveiller et punir » au détriment de l’éducatif et de l’écoute de l’enfant n’est qu’une fuite en avant.
Certaines nouveautés législatives vont dans le bon sens comme l’intervention de l’administrateur ad hoc auprès des enfants non discernants en assistance éducative.
La réforme de la justice pénale des mineurs nous avait été annoncée avec comme pilier, la primauté de l’éducatif sur le répressif.
En réalité il conduit à une accélération des procédures au détriment du temps éducatif pourtant indispensable dans l’aide à la construction des enfants.
Le mille-feuille législatif ne va pas permettre de répondre au manque criant de moyens en protection de l’enfance notamment au manque de places d’hébergement.
Les temps changent. Il est de notre devoir d’être vigilant.
Chaque action est précieuse.
L’accompagnement individuel des enfants et des jeunes et les actions collectives d’éducation à la citoyenneté, les actions pédagogiques en milieu scolaire sont complémentaires. L’un ne va pas sans l’autre. Une action pédagogique en classe étant régulièrement le lieu où un élève va finalement se confier sur une situation préoccupante.
La défenseure des droits et le défenseur des enfants ont depuis plusieurs années identifié Thémis comme leur partenaire, sur le terrain, dans l’Est.
Le défenseur des enfants Eric Delemar et son équipe ont tenu à participer au final de l’Odyssée citoyenne le 5 juin 2023 à Strasbourg dans cet exercice démocratique de vote d’un projet de loi proposé à 1200 enfants du Haut-Rhin et du Bas-Rhin.
Plusieurs enfants de l’Odyssée citoyenne et leurs enseignants ont ensuite été invités par le défenseur des enfants à Paris le 15 novembre 2023 pour la restitution de la grande consultation nationale sur le droit des enfants aux loisirs, au sport et à la culture.
Les enfants qui, pour la plupart venaient pour la première fois à Paris ont été reçus dans les locaux du ministère par le défenseur des enfants et son équipe, ils ont la parole pour présenter leurs propositions de lois et ont pu, de retour dans leur classe le lundi matin, faire le récit de leur aventure auprès de leurs camarades. Quelle expérience ! Quels sourires sur leurs visages et ceux de leurs camarades qui pour certains nous suivaient en live sur leurs téléphones !
Comme toujours depuis plus 30 ans, Thémis est attaché à proposer un accompagnement de qualité aux enfants, dans la pluridisciplinarité : éducateurs, juristes, psychologues.
Pour faire face à l’augmentation exponentielle des demandes, Thémis a dû s’adapter.
Thémis compte désormais 25 salariés. Nous avons dû nous restructurer en nommant pour épauler notre directrice, une directrice adjointe, une cadre cheffe de pôle juridique et une cadre cheffe de pôle pédagogique.
Je peux compter sur l’implication sans faille et les compétences de notre équipe dirigée par Monia Zoghlami, notre directrice que je remercie et dont je salue le travail de chaque jour.
La qualité de notre accompagnement des enfants et des jeunes est notre préoccupation première. La formation continue de nos équipes et que Thémis soit un organisme de formation reconnu est une exigence du quotidien
Thémis est victime de son succès et nous ne pouvons honorer toutes les demandes d’interventions en milieu scolaire. Nous avons dû décliner une demande faite par un lycée français en Europe. Nous restons ancrés dans notre territoire.
Nous militons pour la création d’un réel statut de l’administrateur ad hoc avec une formation et un contrôle et évidemment un financement en rapport avec l’exigence de cette mission.
Pour que chaque administrateur ad hoc en France ait la même exigence que la nôtre.
Nous avons besoin de votre soutien et de vos financements pour poursuivre nos actions en faveur des enfants.
« La France n’est pas assez riche d’enfants pour qu’elle ait le droit de négliger tout ce qui peut en faire des êtres sains. » comme l’énonce l’exposé des motifs de l’Ordonnance du 02 février 1945.
Aucun enfant ne devrait encore en 2024, sur notre territoire, ne pas avoir de lieu de placement quand il en a besoin, ne pas pouvoir être informé sur ses droits, ne pas pouvoir être entendu quand il est victime, ne pas pouvoir être aidé quand il est en danger.
Il est urgent de poursuivre nos actions auprès des enfants.