Elue par les membres du conseil d’administration le 30 juin 2022, Annabelle Macé est depuis ce jour la nouvelle présidente de l’association Themis. Elle succède ainsi à Josiane Bigot, emblématique fondatrice à la tête de l’institution depuis 32 ans, qui préserve une fonction d’assesseure au sein du bureau de l’association. De quoi augurer une ligne d’horizon nouvelle, toute à la fois héritage et regard vers l’avenir et dont il appartient désormais à la présidente élue d’en dessiner les contours. Rencontre.
« Mon premier objectif est que la passation de flambeau se fasse le plus sereinement possible et que l’association Themis puisse continuer à perdurer et rayonner comme elle l’a fait jusqu’à aujourd’hui. » Voici donc la première ambition d’Annabelle Macé dans son habit nouveau, une volonté simple et affirmée de ne jamais faire table rase du passé tout en portant son regard sur l’avenir. « Personne ne remplacera Josiane Bigot, sa présidence exceptionnelle depuis la fondation et tout ce qu’elle a pu apporter avec sa fonction de juge des enfants, de présidente de cour d’assises et sa personnalité incroyable » précise-t-elle. « Je n’ai pas cette ambition mais je vais tâcher d’habiter cette fonction différemment ». Ou la promesse d’un regard autre, un regard d’avocate empreint d’une expertise des prétoires construite plaidoirie après plaidoirie, au gré de vingt années à représenter Themis en sa qualité d’administrateur ad hoc aussi.
Cette dernière mission, Annabelle Macé a toutefois choisi d’y renoncer pour endosser pleinement son nouveau rôle. « C’est en accompagnant les enfants dans le cadre des procédures ad hoc, c’est grâce à cette façon d’exercer mon métier que ma profession a pris du sens {…} C’est quelque chose que j’ai aimé faire, que j’aurais encore aimé pouvoir faire et qui va me manquer. Mais c’est une tranche de vie qui est passée et je suis heureuse de pouvoir m’investir différemment auprès de l’association. » Sans regret donc, mais avec une connaissance précise des missions et des enjeux portés par Themis et ses équipes, en plus d’une expertise tournée sur les droits de l’enfant à travers le monde.
Car avant de s’établir définitivement à Strasbourg en 2001, Annabelle Macé a mis à profit ses années étudiantes pour aiguiser son regard sur le droit à travers l’Europe et le monde. « J’ai fait un double cursus en droit franco-allemand, et lorsque je résidais en Allemagne, j’ai pu intégrer le Parlement des Jeunes Européens qui permettait un accès aux mécanismes de la citoyenneté à toute la jeunesse européenne, ce qui était une belle découverte pour l’étudiante en droit que j’étais. » Avant de traverser l’Atlantique quelques années plus tard, direction le Québec et une plongée dans les enjeux de la médiation pénale. « C’est au service d’aide aux victimes de la police de Montréal et auprès d’un avocat médiateur que j’ai réalisé mon stage de l’école d’avocat. C’était à l’époque une toute autre vision puisqu’en France, la médiation pénale et l’aide aux victimes n’était pas aussi développée, ce qui a rendu cette période passionnante. »
Soit autant d’expériences et de contrepoints que la jeune avocate mettrait bientôt à profit en Alsace, une fois qu’elle s’en sentirait apte. « C’est une consoeur qui est venue me chercher pour devenir avocate en assistance éducative au profit de l’association, c’est d’ailleurs comme ça que j’ai découvert Themis » explique la nouvelle présidente. « Mais lorsque j’ai commencé, je ne me suis pas tout de suite sentie les épaules assez larges pour porter seule ces situations. J’avais besoin de temps pour mûrir, pour faire mes armes dans d’autres dossiers peut-être moins complexes, et moi de vivre et de mûrir dans ma vie personnelle pour pouvoir accompagner les enfants que Themis représentait. »
Et c’est avec ce même sentiment, cette même sensibilité quant aux rudesses des missions de Themis qu’Annabelle Macé entend désormais habiter sa présidence. « On voit bien que rien n’est simple en matière de droit des mineurs. Que parfois les mineurs victimes que l’on accompagne un jour sont les mineurs en conflit avec loi que l’on défend le lendemain. Mais il est clair qu’un enfant doit être protégé avant tout. » Comme une antienne, un mantra que la néo-présidente compte se répéter en qualité de présidente, en plus de ce qu’elle souhaite impulser dans la vie de l’association.
« Je vais essayer de prendre ma place en douceur, de pérenniser tous les projets existants, d’intensifier peut-être ce que l’on peut faire en matière de communication et de me faire connaitre des nombreux partenaires de l’association. » Avant d’apporter autre chose en termes de réseau, de connaissances ou d’expériences, et de faire en sorte que cela soit profitable au rayonnement de l’association.
Pour tout cela, Annabelle Macé sait qu’elle pourra s’appuyer sur une équipe volontaire et engagée, bénévoles comme salariés. Une équipe qui aura désormais la tâche de porter l’héritage de Josiane Bigot autant que l’enthousiasme et la conviction de sa nouvelle présidente, certaine de leur convergence et que ces deux visées ne tendent qu’à un seul but, la protection de l’enfance et de tous ses droits.